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Les peintures rupestres de la Serra da Capivara (Brésil)

En 1973, une jeune archéologue franco-brésilienne, Niède Guidon, découvre dans le Nordeste brésilien des peintures rupestres, des dizaines, des centaines, des milliers de peintures rupestres au pied de falaises autrefois baignées par la mer, à 600 kms à l’intérieur des terres. Pour dater ces peintures, une de ses collègues lui conseille de creuser, creuser, creuser jusqu’à trouver les foyers. En effet, cette région semi-aride et extrêmement chaude n’est fréquentée que par des chasseurs qui s’aventuraient là pour quelques jours. Et pour se protéger la nuit des prédateurs, ils s’installent au pied des falaises autour d’un feu… et occupent leurs loisirs en dessinant sur les parois à leur portée.

Pendant plusieurs milliers d’années, ils vont ainsi se succéder, réalisant sans le vouloir une des plus extraordinaire concentration de peintures rupestres au monde : 800 sites et près de 30.000 motifs. Et contrairement aux autres grands sites archéologiques connus, notamment en France (Lascaux, Chauvet), ils vont représenter davantage les humains que les animaux, avec des styles variés et dans des situations très diverses de la vie quotidienne : chasse, fêtes, accouplement, accouchement…

Après plusieurs années de fouille et quelques dizaines de mètres plus bas, les foyers apparaissent… avec leurs charbons de bois et la possibilité d’utiliser la datation au carbone 14. Lorsque les échantillons parviennent à Paris et que le téléphone sonne, Niède Guidon tombe littéralement de sa chaise et met aussitôt en doute l’information donnée par le labo du CNRS : 25.000 ans. (!!!)

C’est impossible, pense t’elle, c’est complètement à contre courant de la théorie du moment d’un peuplement humain de l’Amérique du sud venu du nord après le franchissement du détroit de Béring il y a 12.000 ans. L’Amérique du sud aurait donc pu être peuplée avant le nord. Impensable disent les américains, complètement fou pense la communauté scientifique internationale ! Et Niède de continuer à creuser pour trouver d’autres foyers qui donneront des dates encore plus incroyables et délivreront la même information : oui, la présence de l’homme en Amérique du sud est avérée depuis au moins 60.000 ans. Alors, des hypothèses nouvelles s’échafaudent : le courant du Brésil aurait entrainé des naufragés, une pirogue audacieuse venue d’Afrique se serait laissé dériver…

Le débat n’est pas clos mais conduit au classement en 1991 du site de la Serra da Capivara au patrimoine mondial de l’humanité. Dans la foulée, le Brésil décide de créer autour des 800 sites archéologiques découverts un Parc National géré dans un premier temps par Niède Guidon avec originalité et créativité. Afin de préserver les sites, aucune entrée dans cette zone de 130.000 ha n’est possible sans guide. Pour assurer des recettes au Parc, un atelier de poterie est créé qui reproduit avec élégance sur tasses, bols et assiettes de nombreux motifs rupestres. Des solutions sont recherchées pour faciliter l’accès à cette zone isolée, notamment avec un projet d’aéroport qui peine cependant à déboucher.

Au pied des falaises, des passerelles sont installées pour permettre aux visiteurs d’accéder au plus près des peintures. Ici pas de souci d’humidité, le climat extrêmement sec protège naturellement les sites archéologiques. En fait, les seuls vrais prédateurs sont les chasseurs, les descendants de ceux qui ont orné les parois, qui ne partagent pas cet engouement pour l’histoire très ancienne de leur pays et se rebellent contre les contraintes instituées par le Parc. De vieux pneus ont déjà brûlé sous certaines peintures, les détruisant à tout jamais. Une attaque en règle, fusils chargés, a eu lieu il y a quelques années et Diète Guidon a reçu à plusieurs reprises des menaces de mort. Aujourd’hui la situation s’est un peu détendue mais tant que la population locale n’aura pas bénéficié de retombées économiques positives de la présence du Parc, une explosion de violence reste toujours possible.

Moi, j’ai appris l’existence de la Serra da Capivara en 2008 par un reportage diffusé sur Arte, quelques jours avant de m’envoler pour le Brésil photographier des chevaux. Et pendant tout le vol, l’idée d’aller voir sur place ces fameuses peintures m’a taraudé. Et un mois plus tard, là devant ces personnages étonnants de fraicheur et de vitalité, au milieu d’un bestiaire d’animaux complètement reconnaissables et familiers, j’ai vécu une des plus grandes émotions de ma vie. J’ai eu l’étrange sensation de toucher du doigt l’évolution de notre humanité, j’ai pris conscience de notre étonnante fragilité et de notre formidable capacité à la dépasser.

Assez parlé maintenant, je vous laisse découvrir un petit échantillon de ces peintures dont on sait qu’il en reste encore des milliers à découvrir lors de fouilles à venir. J’ai pris ces photographies de tout près (1 m environ) grâce à un petit pied de poche garantissant une absence de bougé. La qualité optique de mon Leica a fait le reste… et c’est assez magique.

Une dernière précision : j’ai cherché vainement la trace de chevaux… sans en trouver. Cela semble donc accréditer la thèse actuelle qu’ils avaient déjà disparu des deux Amériques il y a 60.000 ans à cause des glaciations. Et qu’ils ne sont revenus qu’au XVe siècle dans les bagages des colons espagnols, provoquant alors chez les indiens (d’Amérique du nord surtout) une véritable révolution culturelle.

Pour en savoir plus :
. http://www.fumdham.org.br/
. http://fr.wikipedia.org/wiki/Parc_national_de_la_Serra_da_Capivara
. http://www.ifraoariege2010.fr/docs/Articles/Pessis_et_al-Amerique.pdf

– à Parc national de la Serra da Capivara.

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Serra da Capivara (- 39.000 ans - Brésil)   niche polychromique
Serra da Capivara (- 39.000 ans - Brésil) niche polychromique
Niche polichromique - Toca do Boqueirao da Pedra Furada
Niche polichromique - Toca do Boqueirao da Pedra Furada
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Serra da Capivara (- 39.000 ans - Brésil)
Serra da Capivara (- 39.000 ans - Brésil)
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Serra da Capivara (- 39.000 ans - Brésil)  scènes rituelles autour d'un arbre
Serra da Capivara (- 39.000 ans - Brésil) scènes rituelles autour d'un arbre
Serra da Capivara (- 39.000 ans - Brésil)
Serra da Capivara (- 39.000 ans - Brésil)
figure de méga tatou - Toca do Baixao da Vaca
figure de méga tatou - Toca do Baixao da Vaca
Serra da Capivara (- 39.000 ans - Brésil)
Serra da Capivara (- 39.000 ans - Brésil)
Capivara_20080823-8532
Serra da Capivara (- 39.000 ans - Brésil)
Serra da Capivara (- 39.000 ans - Brésil)
Capivara_20080823-8529
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Cervidé réalisé en teinte blanche et lézard avec une technique de contour ouvert - Toca do Boqueirao da Pedra Furada
Cervidé réalisé en teinte blanche et lézard avec une technique de contour ouvert - Toca do Boqueirao da Pedra Furada
Serra da Capivara (- 39.000 ans - Brésil)   niche polychromique
Serra da Capivara (- 39.000 ans - Brésil) niche polychromique
Capivara_20080822-8439
Serra da Capivara (- 39.000 ans - Brésil)
Serra da Capivara (- 39.000 ans - Brésil)
Serra da Capivara (- 39.000 ans - Brésil)   le baiser
Serra da Capivara (- 39.000 ans - Brésil) le baiser
Scènes sexuelles - Toca do Boqueirao da Pedra Furada
Scènes sexuelles - Toca do Boqueirao da Pedra Furada
Serra da Capivara (- 39.000 ans - Brésil)
Serra da Capivara (- 39.000 ans - Brésil)
Crabe, crocodile et ... - Toca do Boqueirao da Pedra Furada
Crabe, crocodile et ... - Toca do Boqueirao da Pedra Furada
Capivara_20080824-8945
Serra da Capivara (- 39.000 ans - Brésil)
Serra da Capivara (- 39.000 ans - Brésil)
Serra da Capivara (-39.000 ans - Brésil)
Serra da Capivara (-39.000 ans - Brésil)
Toca do Paraguaio
Toca do Paraguaio
Capivara_20080823-8709
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