Albert-Auguste FAUVEL est né à Cherbourg, le 7 novembre 1851. Fils d’un officier de marine, il fait ses études au collège de cette ville et se prépare à L’Ecole Navale. Admissible au concours en 1868, il ne pourra toutefois pas entrer dans la Marine, à cause de sa très mauvaise vue. Il se rappelle alors une recommandation de son père, mort quelques mois plus tôt en 1867 à New-York, au retour d’un voyage autour du Monde de deux ans, et prend contact avec les Douanes Chinoises, alors dirigées par un anglais, Sir Robert Hart.
Celui-ci lui conseille d’abord de partir à Londres apprendre l’anglais et le commerce, ce qu’il fait en 1869 et 1870. Il poursuit ensuite ses études à Paris à l’Ecole Ste Geneviève (rue des Postes) où il passera le baccalauréat es Sciences (en 1872), tout en suivant des cours de chinois à l’Ecole des Langues Orientales Vivantes. Le 20 février 1872, il apprend qu’il est reçu au concours d’entrée aux Douanes et qu’il est nommé officier des Douanes Impériales Chinoises à Pékin avec des appointements, importants à l’époque, de 10.000 F par an.
Le 4 août 1872, dans le train qui l’emmène vers Brindisi prendre le bateau pour la Chine, il écrit à sa mère la première lettre d’une longue correspondance, quasi quotidienne. En partie conservées, ces lettres permettent de suivre avec précision le déroulement de son séjour en Chine et notamment ses différentes affectations à Pékin (1872/73) puis Tchefou (1873/77) et Shanghai (1877/79).
En 1879, il part à Ningpo pour y préparer la section Chinoise de l'Exposition de Pêche et de Pisciculture de Berlin. Puis il est à Berlin en tant que Commissaire de la section chinoise à l'Exposition en 1880. Il prend ensuite une année de congé (avec demi-solde) en France où il se marie le 17 janvier 1882 avec Madeleine de la Vaulx, dont il aura ensuite trois filles : Ludovique, Elisabeth et Simone. En 1882, il repart en Chine à Hankeou en Chine centrale avec un salaire très confortable (20.000 F par an), cette fois accompagné de sa femme. Celle-ci y mettra au monde leur premier fille (Ludovique) mais y perdra aussi son second enfant. L’adaptation au pays est difficile pour elle et ils décident en 1884 de rentrer en France, au moment où éclate la troisième Guerre de l’Opium avec le bombardement de Fou-Tchéou par l’amiral Courbet.
Albert démissionne des Douanes Chinoises et connaît alors une recherche d’emploi difficile. Sa bonne connaissance de l’Asie lui vaut cependant d’être recruté comme inspecteur des Messageries Maritimes à Marseille, mais avec une rémunération divisée par cinq.
Il est chargé de contrôler la gestion de toutes agences de la Compagnie, d’abord en Chine puis en Asie ainsi qu’au Moyen Orient, en Afrique et en Amérique du Sud. Il gérera aussi par intérim 7 agences : Singapour, St Denis de la Réunion, Port-Saïd, Dardanelles, Zanzibar, Bombay et Rio de Janeiro (deux fois, en 1903-04 et 1907). Durant ses 20 ans de service aux Messageries Maritimes, il fera 31 voyages pour l'inspection des agences et bureaux de correspondances.
Mais toutes ces missions seront aussi pour lui l’occasion d’étudier, à titre privé, quantité de questions commerciales, administratives, économiques, industrielles et scientifiques. Les nombreuses collections de zoologie et de botanique récoltées au cours de ses voyage lui valurent aussi le titre de Correspondant du Muséum d’Histoire Naturelle de Paris. Curieux de tout et doté d’un sens de l’observation hors du commun, Albert publiera de nombreux articles dans des revues et journaux français ou étrangers et sera également édité à plusieurs reprises. Parlant et écrivant l’anglais et le chinois comme le français, il lit aussi l'allemand, l'espagnol, le portugais et l'italien.
En 1908, il prend sa retraite avec l’intention de poursuivre activement ses recherches sur l’archipel des Seychelles mais il meurt prématurément à Cherbourg le 3 novembre 1909, à l’âge de 58 ans.